C’est un tournant pour la diplomatie africaine. Samedi 15 février 2025, à Addis-Abeba, Mahamoud Ali Youssouf a été élu président de la Commission de l’Union africaine (UA), succédant ainsi au Tchadien Moussa Faki Mahamat. Un scrutin décisif, disputé entre trois figures majeures du continent : Raila Odinga (Kenya), Richard Randriamandrato (Madagascar) et le chef de la diplomatie djiboutienne, qui a su convaincre et rassembler autour de sa candidature.
Un choix de continuité et de renouveau
À 60 ans, Mahamoud Ali Youssouf n’est pas un inconnu des arcanes du pouvoir africain. Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de Djibouti depuis plus de deux décennies, il a été l’artisan de la politique régionale de son pays, tissant des alliances stratégiques et œuvrant pour la stabilité de la Corne de l’Afrique. Son élection consacre l’influence croissante de Djibouti, petit État à la position géographique stratégique, où transitent les grandes ambitions du monde.Mais au-delà de l’homme, c’est une vision que les chefs d’État africains ont choisie : celle d’une Union africaine plus forte, plus proactive et moins dépendante des bailleurs extérieurs. Un défi colossal.
Quels défis pour le nouveau président ?
La tâche qui attend Mahamoud Ali Youssouf est immense. Il prend la tête de l’UA dans un contexte de tensions croissantes. Instabilité politique au Sahel, transitions incertaines au Soudan et au Gabon, crise sécuritaire en RDC, sans oublier la montée des revendications souverainistes face aux institutions internationales. Autant de dossiers brûlants qui nécessiteront un leadership fort et une diplomatie agile.L’un des enjeux majeurs de son mandat sera la réforme institutionnelle de l’Union africaine. Depuis plusieurs années, la Commission peine à s’imposer comme un organe efficace et respecté sur la scène internationale. Il lui faudra aussi redonner vie à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), un projet ambitieux mais encore entravé par des divergences économiques et des obstacles logistiques.
Une nouvelle dynamique pour l’Afrique ?
L’élection de Mahamoud Ali Youssouf signe-t-elle le début d’une nouvelle ère pour l’Union africaine ? Loin d’être une simple transition, son arrivée pourrait marquer un tournant dans la manière dont l’organisation se positionne face aux crises et aux défis globaux. S’il parvient à redonner confiance aux États membres et à renforcer le rôle de l’UA sur la scène mondiale, alors, peut-être, l’Afrique pourra-t-elle, enfin, parler d’une seule voix. L’histoire nous dira si cet espoir était fondé.