En Afrique, la monnaie électronique représente bien plus qu’une simple alternative à l’argent liquide. Elle constitue un véritable levier de transformation économique et sociale dans un continent marqué par une exclusion financière persistante. À l’horizon 2025, les perspectives pour la monnaie électronique sont prometteuses, mais elles demeurent conditionnées par des évolutions technologiques, réglementaires et infrastructurelles.

Une adoption en pleine croissance
En 2025, l’Afrique est devenue un leader mondial dans l’utilisation de la monnaie électronique. Les transactions via mobile money ont atteint 1 200 milliards de dollars, soit une augmentation de 40 % par rapport à 2023, grâce à des plateformes comme M-Pesa, Orange Money, et MoMo. Ces services, utilisés par plus de 500 millions de personnes sur le continent, couvrent des besoins divers : paiement de biens et services, transferts internationaux, salaires, microcrédits et épargne.

Monnaie électronique en Afrique

Les zones rurales profitent particulièrement de cette révolution. En 2025, environ 65 % des utilisateurs de monnaie électronique vivent hors des centres urbains, contre 55 % en 2020. L’augmentation de l’accès aux smartphones — leur prix moyen ayant chuté à 50 dollars contre 70 dollars en 2022 — et à Internet mobile — avec une couverture de 85 % de la population — a été déterminante dans cette croissance.

Vers une harmonisation réglementaire et des infrastructures renforcées

En 2025, la BCEAO (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) a introduit une monnaie numérique de banque centrale (CBDC), réduisant les coûts de transaction de 30 % en moyenne. Cette initiative, suivie par d’autres banques centrales africaines, a permis d’élargir l’accès aux services financiers tout en réduisant la dépendance vis-à-vis des fournisseurs privés. L’amélioration des infrastructures a été tout aussi essentielle. En 2025, les investissements publics et privés ont permis d’augmenter de 50 % le nombre de points d’accès numériques dans les zones rurales. De plus, 70 % des pays africains disposent d’un cadre réglementaire harmonisé, favorisant les échanges transfrontaliers.

Impact sur le commerce et les économies locales :
La monnaie électronique a joué un rôle central dans l’essor du commerce électronique. En 2025, le secteur du e-commerce représente 30 milliards de dollars en Afrique, contre 19 milliards en 2021. Les plateformes comme Jumia ont enregistré une augmentation de 60 % des transactions grâce aux paiements électroniques fiables et rapides.
Les petites entreprises et entrepreneurs représentent aujourd’hui plus de 50 % des utilisateurs actifs des systèmes de paiement mobile. Par ailleurs, l’économie informelle — qui représente environ 80 % des emplois en Afrique — bénéficie de ces services, facilitant les transactions et l’accès au crédit pour des millions de personnes.

Des défis à relever

Malgré ces avancées, des obstacles persistent :

  • Sécurité des transactions :
  • Les cyberattaques ont coûté 2,3 milliards de dollars aux institutions financières africaines en 2024. Le renforcement des systèmes de cybersécurité est devenu une priorité.
  • Éducation et adoption :
  • Environ 30 % des utilisateurs potentiels n’utilisent toujours pas ces services en raison d’un manque d’éducation digitale. Des campagnes nationales ciblées, touchant près de 100 millions de personnes en 2024, commencent à résoudre ce problème.
  • Coûts des services :
  • Bien que les frais aient diminué, ils représentent encore jusqu’à 5 % du montant des transactions pour certains fournisseurs, limitant l’adoption chez les populations à faible revenu.

Tendances émergentes : de la crypto-monnaie à l’intelligence artificielle

Les crypto-monnaies gagnent du terrain en Afrique, avec des volumes d’échange atteignant 20 milliards de dollars en 2025, contre 8 milliards en 2022. Bien que leur adoption reste freinée par la réglementation et la volatilité, des initiatives comme le Bitcoin Beach en Afrique du Sud illustrent leur potentiel.

Par ailleurs, des innovations comme les paiements biométriques — utilisés par 15 % des utilisateurs en 2025 — et l’intelligence artificielle pour optimiser les systèmes de paiement redéfinissent l’expérience utilisateur et renforcent la sécurité.
En 2025, la monnaie électronique continue de transformer le paysage financier africain. Avec des volumes de transactions atteignant 1 200 milliards de dollars et une adoption touchant plus de 500 millions de personnes, elle est au cœur de l’inclusion financière et du développement économique. Cependant, pour réaliser pleinement ce potentiel, les gouvernements et entreprises doivent relever les défis liés à la cybersécurité, à la réglementation et à l’éducation des populations.

Avec une volonté commune et des investissements ciblés, l’Afrique peut consolider sa position de leader mondial de l’innovation numérique.