Pour justifier la création de France24 en 2006, l'ancien président français, feu Jacques Chirac a mis en avant les enjeux de « porter partout dans le monde, les valeurs de la France et de sa vision », et de « diffuser » un « regard français sur les évènements » internationaux. Il s'agissait pour Chirac de raconter, selon le moule français, le monde et ses évènements aux peuples de l'univers, dont bien évidemment l'Afrique.

Quelques années plus tard, la doctrine française reste sensiblement la même. « Nous devons (...) travailler avec les alliés, des partenaires de la France dans les opinions publiques. Pas simplement pour contrecarrer évidemment les fausses informations, mais pour pouvoir les stopper de manière très claire, au plus vite, et porter la valorisation de nos actions. A cet égard, nous devons beaucoup mieux utiliser le réseau France Médias Monde, qui est absolument une clé et qui doit être une force pour nous», affirmait le président Emmanuel Macron le 02 septembre 2022, devant les ambassadeurs français alors réunis à Paris.

Guerre De L'information Dans Le Monde : Acte I

En 2019, lors du premier sommet Russie-Afrique à Sotchi, le directeur de l'agence russe TASS Serguî Mikhailov affirmait la nécessité pour le Kremblin de proposer aux Africains « une autre vision du monde et des questions internationales» pour se démarquer de celle « des médias occidentaux». En mai 2022, s'estimant victime de « diffamation» et de «campagnes mensongères», la Turquie a lancé une initiative pour renforcer sa présence médiatique en Afrique, notamment en Afrique francophone.

Ce bref rappel de quelques contours de la «guerre d'influence» nous conduit tout droit dans l'espace médiatique africain, devenu depuis plusieurs années, le théâtre d'affrontement entre les grandes puissances établies et puissances émergentes

Aujourd'hui, en plus des Occidentaux dont les médias ont envahi les continents depuis le temps de la guerre froide, l'on retrouve notamment, Russes, Chinois et Turques pour ne citer que ces puissances. Les approches sont de plusieurs types.

Des techniciens de médias, composés de journalistes, d'attachés de presse, des techniciens de la télé et de la radio, etc., sont régulièrement invités dans des universités ou rencontres organisées par ces grandes puissances, pour des formations et des capacitations. Par ailleurs, des contrats de partenariats sont signés avec des entreprises de presse du continent pour relayer l'information venant de ces pays. A cela, il faut ajouter des subventions, des appuis en matériels, des financements des projets médiatiques.